Gaïa.
Depuis des temps immémoriaux, l'incapacité des espèces à vivre ensemble
a provoqué des luttes sanguinaires et dévastatrices.
Seule, Zaria la plus puissante des sorcières est arrivée à y mettre un
terme. Dés lors, elle est devenue l'égale d'un dieu et fut chargée par
tous de maintenir la paix. Pour y parvenir, elle a mis en place Kalby'a …
un système de castes qui interdit aux espèces de vivre ensemble
dorénavant.
Mais les sentiments interdits qu'Elhena, sa descendante porte à Hayden,
le fils du roi lycan peuvent faire tout s'effondrer à nouveau.
Entre complots, guerre, amour, jalousie et vengeance, venez découvrir
Origin, le 1er tome de Red Dawn...
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Chapitre 6
Batham
Declan
n'avait pas revu sa mère depuis plusieurs jours.
Assis
dans une cellule jouxtant la Fosse, il n'avait plus peur comme au
début. Il savait que le crime de sa mère n'avait pu la conduire
qu'à la mort. Il chassa cette morbide pensée de son esprit. S'il
l'acceptait alors il saurait qu'il était seul au monde. Il ne
pouvait le supporter. L'espoir lui permettait de survivre mais il le
rendait faible. Il repensa aux paroles de son père :« Tu
n'existes, misérable bâtard que pour me servir et faire ce que
j'attends de toi. Je ferai de toi le plus sanguinaire des assassins
ou tu crèveras. »
Sa
mère avait été la seule à lui témoigner de l'amour et il savait
qu'elle serait la seule, à jamais. Pour tous, il était un pestiféré
et il le resterait sa vie durant. Personne n'était intervenu en
entendant les cris d'un enfant qu'on torturait depuis des semaines.
Pas un seul assassin ne l'avait regardé. Il était invisible à
leurs yeux. Il n'était rien.
Personne.
Même
pas son maître Midas. Il lui avait pourtant promis de les sauver. Il
l'avait attendu. Il ne le faisait plus. Personne ne viendrait le
sauver.
Lanius
était revenu le lendemain de l'agression. C'est lui-même qui avait
tenu le fouet. Il avait remplacé le bourreau.
Dans
la cour des assassins, il le torturait sans cesse à chaque aube,
devant les hommes de sa sœur. Il détestait ce moment mais arrivait
à ne plus le montrer. Il savait que pour survire à ce moment, il ne
pouvait rester à l'écoute de lui-même. Il se forçait à rester
hors de lui-même. Il l'appelait son trou. Il arrivait quand il y
accédait à ne plus rien ressentir. Ni la douleur, ni la peur, ni
l'espoir. Il avait appris à ne plus hurler. La douleur ; il
l'avait rendue sourde. Lanius avait paru satisfait de son silence
alors il avait serrer les dents à se les briser et avait continuer.
Mais
Astrid venait souvent l'épauler. Le chef des assassins lui avait
dit, en lui arrachant les ongles que la torture était un art et
qu'elle était la plus grande artiste de l'Hamelda.
Quand
elle se mettait en tête d'exprimer son talent, Dek'lan le savait au
nombre de spectateurs qui se trouvaient dans la fosse. Il savait qui
allait poursuivre son « dressage ». Dans ces moments, il
sentait une envie de vomir.
Personne
ne mettait fin à son supplice.
Jamais.
Au
contraire, l'armée entière prenait note de son calvaire quand
Astrid venait.
Ils
ne voyaient pas un enfant. Il ne le voyait pas. Il était invisible
Au mieux ; il n'était qu'un animal à dresser. Personne ne le
voyait lui. Tout le monde admirait l'artiste. Astrid.
Deux
lunes étaient passées sans nouvelles de Mika.
Il
n'avait pu résister et il avait demandé où se trouvait sa mère.
Lanius lui avait brisé la mâchoire sans lui répondre en lui
crachant que sa faiblesse le décevait.
Les
Abadhons guérissaient vite mais la fracture n'avait pas été
réduite. Si bien que sa guérison avait été aussi un autre
supplice. Son tortionnaire avait pris plaisir à voir sa souffrance
avant de lui rebriser de nouveau la mâchoire pour la remettre en
place correctement.
Depuis,
il flottait dans un état second. Il semblait ne plus sentir la
douleur tant physique que psychologique.
Aujourd'hui,
quand Lanius avait encore lacéré ses chairs avec son fouet, il
n'avait pas émis un bruit. Il n'arrivait plus à ressentir.
Bien
Il
en avait assez de ressentir.
Il
n' y avait plus désormais pour lui que la douleur à ressentir.
Le
trou. Il y passait la majorité de son temps. Peut-être était-il
devenu fou mais là seulement tout devenait supportable.
Il
n'attendait qu'une chose : retrouver sa mère dans la mort parce
qu’il ne faisait pas de doute que c'est là qu'elle se trouvait.
***
2
lunes plus tard
Lanius
paraissait satisfait.
Dek'lan
avait compris sa première leçon : ne jamais laisser
transparaître aucune émotion. Sinon, il intensifiait son dressage.
Il
défit les liens qui le maintenait à l'un des trois piloris situé
sur la partie droite de la cour carrée, élément central de la
fosse des assassins. Dek'lan s'écroula sans les liens pour le
maintenir. Le vampire lui releva la tête.
- Tu apprends vite. Tu ne laisses plus rien transparaître . Il lui sourit sans le regarder. Et ton corps, il s’étoffe comme ceux de ta race...Bien.
Dek'lan
ne l'entendit qu'à peine. Il était épuisé et n'avait pas mangé
depuis un jour entier. Lanius semblait pourtant attendre une
réponse. Avait-il formuler une question ? Laquelle ? Son
inertie sembla convenir aux attentes de son père. Il avait du mal à
quitter le trou parfois.
- A partir d'aujourd'hui, tu devras gagner ta nourriture. Regarde-les. Il lui désigna des esclaves démons au physique frêle. Eux aussi, ont faim mais il n'y aura de repas que pour l'un d'entre vous.
Un
assassin plaça au centre de la cour, un bol d'où une mixture
infâme dépassait ; Ensuite, il rejoignit ses camarades,
s'assit en souriant. Dek'lan ne comprenait pas.
- Seul le plus fort d'entre vous mangera. Une autre leçon Dek'lan. Tout à un prix. Va.
Dek'lan
ne voulait pas se lever mais il savait que s'il ne le faisait pas
alors son père le rattacherait de nouveau à ce pilori et son
supplice reprendrait.
Il
se leva machinalement et approcha du bol. Il prit le bol et mangea
une première bouchée avec ses doigts. Il n'eut pas le temps de
comprendre ce qu'il lui arrivait qu'il fut projeté à terre. Il
entendit les assassins glousser. Il se retourna et vit un démon
Tartrix s'emparer du bol. Il n'eut pas longtemps à profiter de sa
pitance qu'un autre démon se jeta sur lui. Un Felhom. Les deux
démons se percutèrent. Les deux races avaient été asservies à
cause de leur sang qu'ils avaient en grande quantité et au goût
similaire aux légendaires humains .
Malheureusement,
il n'existait plus aucun humain depuis Kalby'a. Tous peuplaient
maintenant l'Habenti et seul les légendes assurent que leur sang
était un nectar chéri pour le peuple de la nuit.
La
plupart des démons asservis l'avaient été pour satisfaire aux
désirs de la toute puissance caste des vampires. Pour leur
nourriture ou pour gonfler les rangs de leur armée qui défendait
l'Hamelda aux côtés des lycans.
Dek'lan
entendit le bruit sec d'un os qui se brise. Le Felhom cria et tomba
à terre en tenant son bras pendant dans un angle impossible. Il
essaya de se relever mais le Tantrix lui envoya un coup dans
l'estomac. Dek'lan fixa le bol resté au sol. Il sentit sa faim lui
ordonner de se lever. Il savait qu'il ne ferait pas le poids face aux
deux démons. Il regarda Lanius qui étudiait sa réaction d'un air
impassible. Était-ce un test ? Devait-il se battre tout en
sachant qu'il n'avait aucune chance de l'emporter ?
Il
entendit un deuxième craquement. Le Felhom hurla et cracha du sang.
Le Tantrix avait pris l'avantage. Il approcha et regarda Lanius qui
hocha la tête. L'enfant comprit qu'il lui donnait sa bénédiction
pour la mise à mort.
S'il
avait été à la place du Felhom, son père aurait-il aussi
accepté ?
Certainement.
Après
tout il n'était pas vraiment un père. Plutôt son maître.
Le
démon approcha du combattant à terre. Arrivé à sa hauteur, il
posa son pied sur sa trachée et appuya lentement jusqu'à ce que
Declan entende un autre os craquer et l'autre suffoquer dans un
gargouillis immonde.
Le
Tantrix retourna au centre de la cour, s'empara du bol et s'assit
avec les autres esclaves. Ils avaient les yeux baissés et semblaient
ignorer que seul l'un d'entre eux aurait un vrai repas.
- La prochaine fois, tu aurais plus faim, dit simplement Lanius qui le laissa pour la première fois avec les autres esclaves.
****
Dix
lunes plus tard.
Il
vivait désormais avec la horde des esclaves. Il n'était plus
fouetté quotidiennement mais il devait se battre régulièrement
avec les autres pour espérer gagner l'immonde bol qui se révélait
être pourtant le seul vrai repas qu'il pouvait espérer obtenir.
Lanius
le laissait avec les adultes. Il était grand et fort pour son âge
mais il n'était pas entré dans sa maturité, moment où la force
physique des Abadhons devenait impressionnante. Il sentait cependant
que ce moment ne serait tarder. Ses muscle se renforçaient,
devenaient plus puissants. Il avait déjà gagné un combat avec un
Felhom. Il n'avait pas tué son adversaire et avait bien vu que cette
faiblesse l'avait desservi aux yeux des autres esclaves. Peut-être
la prochaine fois réussirait-il à le faire. Il savait que sa survie
ne dépendait que sa propension à devenir implacable.
Il
était parqué dans les fosse des assassins mais n'était pas tenu d'
obéir comme les autres esclaves. Appartenant au frère de la reine
Malis, il avait un statut particulier même si personne ne savait les
liens véritables entre lui et Lanius.
Le
vampire continuait son « dressage » comme il l'appelait.
Invariablement,
à chaque aube, il trouvait le pilier central de la cour des
assassins et se faisait battre ou fouetter.
Il
n'avait plus peur.
Declan
ne craignait plus la douleur. Il savait qu'il ne pouvait pas
l'éviter. Il éteignait son esprit et son âme et commençait à
adopter le point de vue du vampire
Les
esclaves étaient regroupés chaque soir mais ce soir, on les avait
apprêté. On lui avait fait prendre un bain. Il en aurait pleurer de
joie. Pourtant, une femelle Felhom avait dit qu'il ne devait pas les
accompagner. Les enfants ne participaient jamais à Bathâm.
Bathâm.
C'était
une fête pour le peuple de la nuit. Il ne la connaissait que de
nom. Son ancien maître Midas n'y avait jamais participé. Il n'en
savait rien de plus.
Qu'est
ce qui pourrait être pire que de rester dans la crasse des geôles
de la Fosse ? Agglutinés avec les autres esclaves mâles et
femelles mélangées sans aucune pudeur.
Cette
nuit, il avait été lavé et s'il devait donner son sang à un
vampire contre cela, il le ferait sans remord. Pourtant la Felhom,
elle le regarda avec un air peiné.
Tant
pis, ce soir chacun d'eux était nourri. Ainsi, les sanguinaires les
voulaient robustes pour pouvoir se repaître de leur sang.
Il
vit la lune pour la première fois depuis ce qui lui sembla une
éternité. La fosse se trouvait sous le palais écarlate, le palais
de la reine Malis.
Depuis
longtemps, il se permit de sortir de son trou et d'espérer.
*
* *
Galen
froissa dans sa poche, le papier qu'il venait de recevoir. Antonia
lui annonçait que Paulas et son frère Hector avaient été dénoncé
et arrêté. Le mot bien que très court était lourd de conséquence.
Les assassins étaient venus les prendre à la tombée de la nuit.
Son
frère.
Hector.
Pourquoi
Paulas ne l'avait pas informé des activités de son frère. Avant
tout autre chose, il aurait du lui dire que son frère faisait parti
de la résistance ?
Ils
avaient parlé pourtant longuement de ses activités clandestines. Il
Paulas aurait du l'avertir.
Hector
n'était qu'un gamin, il aurait du rester en dehors de tout cela.
C'est ce qu'il lui aurait dit et c'est certainement pourquoi son ami
ne s'était pas ouvert à lui.
Et
Emnis la femme de Paulas ? Et Tessa qui vivait avec eux depui le
décès de ses parents emportés en m^me temps que son père.
Avait-elles
été aussi arrêtés ?
Qui
les avait dénoncé ?
Galen
rentra dans la salle de verre, point central du palais. Pour une
fois, il ne s'ingéniait pas à tenter de percer cette magie si
rare,qui avait contribué à la renommée de sa famille.
Depuis
la construction des deux palais de verre , la famille Kyopsis
bénéficiait d'une puissance et d'un prestige jamais égalées. Son
père avait longtemps été le représentant de l'Hadéna jusqu'à
sa mort il y a peu. Trop jeune pour succéder à son père, le
premier de la Guilde de l'Ebona avait placé son fils. Jasio.
La
relève avait été moins heureuse...
Il
savait que beaucoup voyait en lui un sorcier plus fort que l'actuel
Primera et que cela avait nourri une jalousie qu'il craignait de
payer aujourd'hui.
C'était
sa mère qui lui avait apporté un billet, l'avertissant de la
situation . Elle l'informait qu'elle allait se rendait au palais
immédiatement pour réclamer une audience auprès de Jasio.
Il
s'était dépêché de la rejoindre.
Il
se trouvait maintenant dans la salle de verre construite par son
grand-père et attendait avec sa mère d'être entendu par le
représentant de l'hadéna.
Elba
s' était jetée dans ses bras le suppliant de sauver son frère.
En
avait-il les moyens ?
En
pleurs, elle lui rappelait constamment qu'elle n'aurait plus la force
de porter le deuil d'un être cher. Son époux était mort, il y a
deux hivers, terrassé par la fièvre des contrées perdues qui
avaient décimés une grande partie de la population.
Depuis
le cœur de sa mère saignait encore, tout comme son âme. Il serra
fort la main de l'aristocrate et s'approcha du trône. Il savait que
les paroles désespérées de sa mère trahissait son désarroi. Elle
n'aurait la force de supporter un nouveau drame.
Par
l'ultime, il détestait Jasio. Cette immonde individu qui ne devait
sa place qu'à sa parenté avec l'illustre Tarhed,
le premier de la Guilde dans l'Ebona.
Pourtant
c'est entre ses mains que reposait le destin des siens.
Pourquoi
fallait-il que ce soit lui?
Ce
pleutre avait affaibli l'Hamelda et par là l'Ebona. Il avait fait
tombé le royaume dans le vice et la corruption. Il était censé
parler au nom de Cara mais dans la réalité, il n'était qu'un
pantin aux mains de Malis, la reine vampire dont les pouvoirs de
succube avait certainement eu raison du peu de dicernement qu'il
avait.
On
les disait même amants. La sanguinaire avait fait de lui son jouet
et Jasio avait affaibli le pouvoir de l'Hadéna au profit de la
caste de sa maîtresse.
Elle
siégeait dans la salle de verre dans un trône à côté de celui
de Jasio ! Galen serra les dents à la vue de cette femme
assise qui ne cachait même plus sa mainmise sur le royaume.
Lui
qui se voulait le gardien de Kalby'a ; il n'était que le pantin
de la reine des nocturnes.
Si
Cara avait vent de la situation...
Malheureusement,
il n'y avait que la voix de Jasio qui pouvait se faire entendre au
delà des plaines de Cracova.
Galen
n'avait jamais suivi son père dans l'Ebona, il n'avait jamais vu le
premier palais de verre dont celui-ci était la parfaite réplique
mais ce lieu devait rester un sanctuaire.
Les
palais identiques étaient censés rappeler que les sorciers des
deux royaumes étaient égaux mais le temps avait émoussé ce
d »sire d'équité et de ressemblance. L'hamelda avait peu à
peu pris son indépendance avec la patrie mère.
Il
restait cette œuvre monumentale à la démesure de Zaria qui était
devenue une déesse de son vivant.
Ses
pensées auraient pu le conduire dans les plaines de Cracova. Certes
L'ultime avait permis de mettre un terme à des siècles de guerres
sanguinaires – mais à quel prix ? Si on connaissait les liens
qui l'unissait à Marcus, il serait considéré comme un traître.
Mais ou se situait sa traîtrise.
Pourquoi
l'enfant de Paulas ne pouvait grandir auprès de celui de Marcus. Où
était le crime ?
Kalby'a
avait mis en place les fondements d'une prison que l'on appelait les
castes.
C'était
le gardien de cette prison. Jasio.
Il
monta les marches et se plaça sur le trône sans lui accorder le
moindre regard à lui ou à sa mère.. Il embrassa fougueusement
Malis laissant peu de doutes quant à leurs rapports.
Bien.
Pas
de faux semblants. Tous les deux ne s'appréciaient pas. Le
représentant était un homme faible qui n'avait pas confiance en
lui. Il savait qu'il devait sa place uniquement à son illustre
parenté. Il ne se sentait pas à la hauteur face à l'éclat de sa
famille beaucoup plus respectée. Les Kyopsis dont il était issu
avait toujours donné de grands sorciers qui s'étaient toujours
démarqué tout au long de leur histoire et Galen ne dérogeait pas à
la règle. Il aurait du être assis à sa place. Tous les deux le
savaient.
On
parlait des pouvoirs du jeune sorcier jusque dans la cour de l'Ebona.
La
jalousie.
La
menace.
La
colère.
Voilà
ce qu'il lut dans le regard du représentant. Pourtant il allait
devoir dépasser l'aversion qu'il lui inspirait aussi. Seul Jasio
avait les cartes en main et tous le savaient.
- Galen et Elba du Kiopsis, dit-il d'un ton méprisant.
- Mon seigneur, lui répondit sa mère dans un souffle.
Galen
ne se retourna pas mais il entendit la souffrance contenu dans les
deux mots qu'avaient prononcé sa mère. Le salaud. Il aurait du
montrer plus de respect envers une des plus grandes aristocrates du
royaume. Son père avait siégé à sa place. Pourtant il hocha
simplement la tête. Il jubilait. Il les fixait d'un air méprisant.
Galen serra le poing et mit genoux à terre.
- Primera, mon frère Hector a été arrêté ce matin. Je ne puis imaginer autre chose qu'une terrible erreur. La famille Kiopsis a toujours été fidèle à la tienne.
Jasio
esquissa un sourire méprisant ;
- Il n'y a pas d'erreurs Galen de Kiopsis. Ton frère s'est rendu au palais doré pour profiter des charmes de mes courtisanes, intervint Malis. Il s'est épanché auprès de l'une d'elle.
- Mon fils ne se serait jamais rendu dans ce lieu ! cria Elba. Tu mens !
Malis
lui sourit cruellement. Galen savait qu'elle prenait autant plaisir à
la situation que Jasio. De plus, il y avait fort à parier qu'elle
disait la vérité. Les courtisanes étaient connues pour être
capable de tirer la vérité de n'importe qui. Leur charme empruntait
l'essence des succubes. C'est à dire leur pouvoir d'attraction
sexuelle. Elle pouvait faire perdre la tête à un mourant et son
jeune frère était égaré depuis la mort de leur père.
Ils
avaient été si proches l'un de l'autre mais le deuil avait créer
un mur entre eux. Galen aurait du être là pour lui.
- Il aura trouvé le réconfort qui lui manquait entre les cuisses de mes courtisanes, trancha Malis.Galen entendit les sanglots de sa mère. Il se leva pour écourter cette discussion qui ne visait qu'à divertir ces deux monstres.
- Viens-en au fait Primera. Que lui reproches-tu ?
- Allons tu ne le sais pas ?Un silence lui répondit. S'il n'y avait pas eu sa mère derrière lui, il aurait fait le bonheur de milliers d'hommes par une décharge d'atum qui aurait exploser ce salaud.
- Tu savais que ton frère avait été initié au souffle.Galen frémit. Il le savait mieux que quiconque puisque c'est lui qui l'avait initié mais la mort de leur père avait mis un terme à cet apprentissage qui était illégal en dehors de la supervision de la Guilde . Ce don était contrôlé et ne pouvait s'en servir que ceux qui était dûment habilité. Cependant dirigeant lui même cette guilde, il avait jugé la permission inutile. D'autant qu'il voulait éviter à son frère de subir la surveillance des siens. Était-ce à cause de lui que son frère se trouvait enfermé en prison ?
- Je le sais. C'est moi qui l'ai initié.
- Par l'ultime, qu'as-tu fait, entendit-il sa mère murmuré dans un souffle.
- C'est bien ce que je pensais, lui répondit aussitôt le Primera.
- J'assumerai cette faute. Nous assumerons nos actes devant toi et la Guilde. Je pense que mon frère aura retenu...
- Ton frère est condamné à mort, le coupa Jasio.Sa mère hurla en s'effondrant tandis que Galen se força à ne pas sauter à la gorge de ce fou et de sa putain.
- Hector appartient à la famille Kyopsis...
- Peu importe. Enlève la condescendance de ton visage, dit-il en se levant. C'est uniquement moi qui est le pouvoir de sauver la vie de cet avorton...
- Il n'a commis aucun crime, le coupa Galen.
- Tu sais bien que si. Avec Paulas, il s'apprêtait à rejoindre l'Ebona pour me calomnier auprès de l'Hadéna.
- On ne peut mentir au sort des courtisanes, ajouta Malis.Pour la première fois mais certainement pas la dernière, il eut envie de tuer le Primera. Certes, il savait qu'il avait peu de chances de survivre au coup qu'il donnerait mais son sacrifice ne serait pas vain. Serai-ce même une mort utile ? Il serra le poing prêt à créé une boule d'atum mais il entendit les pleurs de sa mère.S'il commettait ce geste, il ferait de sa famille des parias, peut-être même le suivrait-il dans la tombe. Vaincu par la fatalité, il posa un genou à terre et avec tout le dégoût que ce geste lui inspirait, il baissa profondément la tête.
- Par le droit du sang, laisse moi prendre la place de mon frère. S'il est coupable, je le suis encore plus de ne pas avoir su mieux guider ses pas.
Il
entendit les pleurs de sa mère redoubler. Il se força à ne pas se
retourner, il ne pourrait pas supporter d'y lire la souffrance qu'il
lui infligeait.
- Je suis d'accord avec toi. Tes errements ont conduit ton jeune frère à sa perte. Si tu avais prêté réellement fidélité à ton Primera rien de cela ne serait arrivé.Jasio avança si bien que Galen vit le bout de ses bottes à quelques millimètres de sa main qu'il avait posé au sol en signe de soumission .
- Ce soir, j'offrirai pour Bathâm un membre de l'illustre famille Kyopsis. Retrouve-moi pour connaître ma décision Galen du Kyopsis.
- Va-t-en maintenant, intervint Malis.
- Tu as entendu ma reine, va-t-en !Galen ferma les yeux se demandant s'il serait capable de dissiper le voile rouge qui lui obscurcissait la raison. Par l'ultime, il le tuerait de ses propres mains. Jamais il ne supporterait cette raclure et sa putain à la tête du royaume. Il repensa aux injustices dont lui parlait Paulas et Antonia. Il n'yavait pas prêté attention jusqu'à que l'une d'elles viennent lui explose en pleine figure.
*******
Dek'lan
se leva en sursaut en entendant un cri retentissant. Il s'était
assoupi dans un coin de la cour des assassins. Celle-ci était
exceptionnellement vide. Les sanguinaires se préparaient pour leur
fête.
Le
cri retentit de nouveau le sortant totalement de sa torpeur.
Le
tantrix.
Andaxio
Il
était craint par tous. Tous ce qui s'étaient opposés à lui avait
péri sous le regard amusé des gardes.
Il
prenait une femelle sous le regard apeuré des autres esclaves.
Jamais Dek'lan n'avait assisté à un viol. La femme hurlait sous les
coups de butoir. Elle suppliait de l'aider.
Ses
pleurs mêlés à ses cris lui rappelait son calvaire. Une boule se
creusa dans sa gorge. Lui non plus personne n'était venu l'aider. Il
regarda l'enclos des esclaves. Ne restaient que ceux qui ne
participaient pas à Bathâm. Il n'était pas fermé mais il savait
que personne ne prendrait sa défense comme personne n'avait pris la
sienne chaque matin depuis son arrivée.
La
femme hurlait toujours. Ses cris l'empêchaient de retourner dans son
trou. Il mit les mains sur ses oreilles mais rien n'y fit. Cette voix
qui ne s'éteignait pas c'était comme sa souffrance. Rien ne
l'arrêtait.
- Stop !!!, hurla-t-il.
Il
ne savait à qui il s'adressait. Andaxio . Cette femme. Lanius.
Mika. Lui...
- Allez le gamin, apprends à baiser, lui dit l'esclave dans un sourire. Je te la laisserai. Suis sûre que t'as jamais baisé...dit-il dans un râle entrecoupé.
Declan
se leva, affolé à l'idée de ne pouvoir se réfugier dans le trou.
Il marcha vers l'esclave incapable de savoir ce qui le faisait
avancer. Pourtant il se mit à courir et sauter sur Andaxio qui tomba
à terre.
Lui
trébucha sur le corps ensanglanté de la femelle. Il se releva
vivement mais ses mains étaient recouvertes du sang de l'esclave.
L'enclos commençait à s'agiter en vu du combat qui ne saurait
tarder.
Le
Tantrix contre le protégé de Lanius.
Il
n'était pas assez fort pour l'affronter. Il arrivait à sa maturité.
Sa taille était comparable à celle de son adversaire mais il
n'avait pas encore la force de ceux de sa race. Bientôt mais trop
tard dans son cas.
Le
Tantrix avança en colère, lentement avec la certitude du
dénouement. Dek'lan réalisa qu'il n'avait pas peur. Il avait perdu
entre les mains de Lanius.
Il
se releva et toisa son adversaire. L'autre lui sourit durement.
- Fallait dire si tu voulais prendre sa place, dit-il ironiquement.
L'Abadhon
cracha par terre ce qui fit encore plus sourire son adversaire.
Ensuite
Declan laissa parler sa nature.
Il
se jeta contre le Tantrix qui recula surpris par la puissance de
l'Abadhon. Il n'était pas encore un mâle adulte mais il n'était
plus un enfant. Il le frappa de toute la force de son poing et prit
plaisir aux hurlements de douleur de son adversaire. Il avait entendu
un os craqué. Il refrappa au même endroit. Encore. Encore.
Tant
et si bien que l'autre s'écroula sans même avoir lever son poing.
Il avait perdu sans même combattre.
- Tue-le , entendit-il la femme le supplier.
Il
regarda son poing qui avait mis à terre son ennemi sans même qu'il
puisse réagir. C'était cela la force des Abadhons. Il tourna la
tête pour regarder le visage ravagé de cette femme. Derrière elle
se trouvait Lanius.
Le
vampire regardait fasciné.
Dans
ses yeux, il vit quelques chose de nouveau : de la fierté.
- Tue-le répétait la femme inlassablement.
Il
regarda une nouvelle fois son poing où se mêlait le sang de cette
femelle et de son violeur. Il le ferma, prenant conscience de sa
force. Tout l'enclos le regardait.
Tous
Tous
le voyaient.
Pour
la première fois. Plus personne ne fuyaient son regard.
Il
serra son poing et saisit Androxius par le col. L'autre le regardait
avec haine. Il raffermit sa poigne. S'il le percutait maintenant,
Androxius ne se relèverait pas. Il pourrait prendre sa place. Manger
à sa faim. Il lui fallait juste le tuer.
- Tue-le.
Jamais
il n'avait tué. Personne.
Midas,
son maître lui avait toujours dit que la vie était la plus grande
des richesses. Il lui avait martelé ce principe si souvent qu'il
avait cru qu'il s'agissait de la vérité.
Mais
toutes les vies n'avaient pas la même valeur. Celle d'Andaxio, celle
de Lanius, celle de sa mère...la sienne. Il n'avait de la valeur aux
yeux de tous que lorsque son poing était levé comme maintenant.
- Arrête ! ordonna Lanius. Si tu tues un esclave sans que l'on t'en donne l'ordre tu devras t’acquitter de son prix.
*******
Galen
était rentré chez lui sans parler. Sa mère s'était effondrée
devant l'autel de l'Ultime espérant que celle-ci pourrait entendre
sa prière. Il la laissa là et se dirigea dans le séjour. Il prit
une bouteille de Lirsh qu'il but jusqu'à l’écœurement. L'alcool
le brûla mais ne réussit pas à le sortir de sa torpeur.
Il
s'assit au centre de l'immense pièce et appela le souffle celui-ci
commença à gonfler sa poitrine. IL rentra en transe pour pouvoir le
diriger. Il visualisa le palais doré.
Il
ouvrit la bouche et la brume qui en sortit se déplace jusqu'à un
mur invisible. La brume s'épaissit et devint blanche. Galen traversa
le voile et se retrouva dans les appartements d'Antonia.
La
courtisane mit sa main devant sa bouche en l'apercevant.
- On ne doit pas te voir ici Galen, se reprit-elle rapidement.
- Laquelle de tes courtisanes a dénoncé Hector, demanda-t-il avec colère.
Antonia
regard avec crainte la porte. Elle s'assura que celle-ci était vien
fermée avant de se retournée.
- Elle ne pouvait pas désobéir Galen...Tu dois comprendre, essaya-t-elle de plaider.
Galen
était trop enragé pour essayer de percevoir son point de vue. Ce
soir le sang des siens allait couler et son amie aurait pu
l'épargner. Jamais Galen n'avait méprisé la courtisane jusqu'à
maintenant.
- Je comprends que tu es lâche. Tu aurais du le protéger. Tu aurais du me prévenir...mais tu n'as rien fait ! Hector, Paulas, Emnis...même Tessa tu nous as tous trahis !
Il
vit la courtisane trembler et l'amertume l'assaillit. Elle lui avait
demandé trahir le Primera, de risquer le bannissement dans les
contrées déchues. Et elle n'avait pas eu le courage de lui dire ce
qui se tramait dans le palais dont elle avait la charge.
- Jasio a condamné mon frère à mort. Je me suis offert à sa place. Tu devras trouver un autre sorcier pour aller trouver l'Hadéna, lui annonça-t-il amer.
Antonia
tomba à terre. Son chagrin semblait sincère mais il n'avait pas le
luxe de s’appesantir dessus. Elle lui avait demandé de tout
risqué et elle...
- Où sont Paulas,Emnis et Tessa ?
Il
vit la courtisane courbé la tête, il la releva vivement et la
fixa.
- Où sont-ils !
- Je ne sais pas ! Je te le jure...mais Paulas a avoué qu'il était à la tête du complot.
Galen
la relacha et tituba. Il pensait que son sacrifice permettrait de
calmer la colère du Primera mais jamais il ne permettrait à Paulas
de survivre.
Son
ami.
Son
frère.
- Il a tout avoué, l'entendit-elle murmuré.
- Pourquoi, lui répondit-il dans un souffle.
- Il se...savait condamné. Il a essayé de vous protéger. Il a affirmé que tu ne savais rien, qu'Hector avait été manipulé.
- Comment le sais-tu ?
Seul
le silence lui répondit. Il la fixa. Incapable de comprendre.
- Ne me force pas à te le redemander, demanda-t-il.
- J'étais là. Jasio m'a demandé de lui faire mon rapport. Je ne pouvais pas faire autrement ! Il était dans la salle du trône. Il a tout avoué devant moi. Il a juré sur l'Ultime que tu ignorais tout. Il t'a dédouané mais le Primera a dit que ta famille avait fauté et que l'un d'entre vous devait payer.
- Alors il savait déjà que je prendrai la place d'Hector. Du moins, il l'espérait. Emnis ? Tessa
- Il les condamnent au bracelet pourpre, à l'esclavage. Si la révolte reprend , elles seront les premières à mourir.
Emnis,
la femme de son meilleur ami et sa sœur allaient être réduites en
esclavage. La guilde ne pourrait les sauver. Jasio avait la loi pour
lui. Si un sorcier était reconnu coupable, sa famille devait en
assumer la faute de manière conjointe.
Galen
ferma les yeux et s'assit pour créer un souffle.
- Attends ! lui demanda Antonia.
Galen
ouvrit les yeux pour regarder la courtisane lui tendre une enveloppe.
- Il m'a donné ça.
Galen
ne prit pas l'enveloppe et resta muet.
- Il savait les dangers de notre entreprise. Il m'a demandé de te donner cette lettre s'il...devait ne pas revenir.
Galen
prit la lettre sans faire de commentaire incapable de soutenir le
regard de celle qui avait été son amie, son amante.
Il
avait presque tout perdu aujourd'hui.
*******
Galen,
Si
tu lis cette lettre c'est que malheureusement, Emnis aura perdu son
époux, Tessa un frère et toi un ami fidèle.
Pardonne
le chagrin que je vous cause, je sais qu'il doit te peser. C'est
quelques mots sont trop peu pour te dire à quel point j'ai été
fier de fouler les pieds de l'hamelda à tes côtés. Tu as toujours
été celui qui a remplacé ma famille avec mon aimée.
Lorsque
mon père est parti au côté du tien, je me suis dit qu'il ne
pouvait avoir meilleur compagnie pour son long voyage. J'aurai aimé
que nous fassions ce chemin ensemble mais il semble que Ta destinée
et la mienne se sépare.
Tu
es un être exceptionnel qui a rempli mon enfance de mes plus beaux
souvenirs. Alors s'il te plaît accorde ce sentiment à mon enfant.
Puisses-tu lui apporter la sécurité, le courage, la loyauté et
l'intégrité que tu détiens. Il aurait besoin de quelqu'un de ta
valeur pour le guider dans la vie.
Je
te confie ma famille Galen. Elle est ce que j'ai de plus précieux.
Prends en soin. Peut-être est -ce trop te demander mais je n'aurai
pu confier ce qui m'est le plus cher qu'à toi.
Quand
mon aube s'est achevé, j'ai du voir les sorcières de la Destinée,
comme tous les jeunes hommes de la geste. Elles m'ont demandé si je
voulais savoir le moment de mon crépuscule. Par bravade, j'ai dit
oui. Elles m'ont affirmé que je périrai jeune et que mon frère
prendrait soin des miens. J'ai ri. Je ne l'ai pas cru. Je lui ai dit
que je n'avais pas de frères. Que ses prédictions étaient fausses.
Aujourd'hui,
je sais je avais tort mon frère.
Je
vous attendrai à Sphinis en louant ton courage.
Paulas
Galen
froissa la feuille. Il chercha un point où fixer son regard. Il
détesta son ami, son frère, sa mère...Antonia, tout ce poids
qu'ils avaient mis sur ses épaules depuis la mort de son père. Il
n'en voulait pas. Il ne voulait pas de cette responsabilité. Il
voulait encore profiter de l'insouciance de sa jeunesse. Il ne
voulait pas de la place que la mort de son père lui confierait et il
voulait encore moins de celle de Paulas. Il se mit à rire sans
pouvoir s'arrêter. De toute manière, il n'aurait pas à assumer
quoi que ce soit. Son temps étaient compté. Déjà, le soleil
déclinait. Quand il aurait disparu, il devrait se rendre dans le
palais de verre construit par son illustre ancêtre pour attendre
d'être abattu comme un moins que rien.
Il
tomba à genoux et vit sa mère arriver et le prendre dans ses bras.
Sa chaleur faillit avoir raison des dernières bribes de lucidité.
Il se força à se reprendre et à lui rendre son étreinte . C'était
à lui de prendre soin d'elle et pas l'inverse.
- Je vais bien mère. Se faisant, il recula et vit qu'elle tenait la lettre de son ami.
Elle
avança et lui toucha le front de ses si belles mains comme elle
faisait quand il était encore enfant. Il se rappela de l'odeur
apaisante de lavande qui semblait toujours l'accompagner et de sa
chaleur. Il sentit de nouveau le parfum de son enfance mais il ne
réussit pas à l'apaiser comme autrefois. Il les prit dans ses mains
et les embrassa.
Par
l'Ultime,il avait négligé cette femme qu'il aimait tant. Il aurait
du l'aider à supporter le deuil de son époux. Il avait préféré
s'étourdir dans d'artificiels plaisirs et se glorifier de son statut
au sein de la Guilde.
- Mon fils adoré, j'aurais aimé t'épargner cette souffrance.
- Ne dites rien mère. Il était de mon devoir de protéger Hector et même Paulas, dit-il en désignant la lettre froissée. Ils étaient bien trop naïfs pour appréhender la cruauté qui régit l'Hamelda.
- Ils ont eu raison Galen.
Le
sorcier regarda sa mère complètement déconcerté par sa réponse.
Elba n'avait jamais exprimer d'idées politiques. Elle lui sourit et
caressa tendrement ses cheveux.
- Hector n'est plus un enfant et même s'il est encore très jeune. Il a dans le sang le goût de justice des Kyopsis.
- Vous ne devriez pas parler ouvertement de cela.
- Chut ,lui dit-elle tendrement. Mon cœur de mère souffre mais tu dois comprendre que j'accepte les choix de ton frère. Il y a des combats qui méritent de grands sacrifices. Il ne faut pas en avoir peur.
- Je n'ai pas peur, mère !
- Je sais Galen. Je ne remets pas en cause ton courage ou ta valeur mais...depuis que ton père est mort, j'ai l'impression que tu n'arrives plus …
- Je suis désolé si mon attitude vous a déçu, dit-il en baissant son regard.
Elle
lui releva tendrement le visage et lui sourit de nouveau.
- Jamais tu ne me décevras. Jamais ! Tu es ma fierté Galen du Kyopsis. Je disais que tu ne t'étais pas accordé le droit de souffrir et de faire son deuil. Le droit d'avoir mal...tout comme tu le fais aujourd'hui avec Paulas. Ne sois pas en colère, lui dit-elle en lui montrant la feuille froissée. Accepte ses choix et accepte la peine.
- Pourquoi!cria-t-il. Il m'impose ses volontés, son héritage...comme père.Il recula devant l'impact de son aveux.
Il
eut honte de voir les yeux de sa mère se brouiller. Il la prit dans
ses bras avec force. Il aimait s'occuper d'elle et d'Hector, cela
n'avait pas été un sacrifice. Ils les aimaient.
- Je suis désolé, je ne voulais pas.
- Chut, lui dit-elle de nouveau. Tu as le droit d'être en colère.
- Mère, toi et Hector vous comptez plus que tout pour moi. Tout comme Paulas. J'ai honte de lui en vouloir.
- Je sais Galen. Paulas t'as laissé ses dernières volontés. Elles peuvent apparaître comme un poids mais c'est aussi le signe de l'affection qu'il te portait. Il t'aime comme un frère et il te laisse ceux qu'il aime par dessus tout.
- Vous m'avez entendu parlé à Jasio, vous savez que c'est impossible.
Sa
mère ne répondit pas tout de suite et le prit de nouveau dans ses
bras. Elle le serra comme jamais auparavant. Elle était plus forte
qu'il ne le pensait. Elle surmonterait sa disparition tout comme elle
avait surmonté celle de son père. Il lui rendit son étreinte.
- Je t'aime mon fils, l'entendit-il murmurer.
Bien.
La
Destinée lui permettait de dire au revoir à la femme qu'il avait le
plus aimé sur cette terre. Il sentit une partie de cette colère qui
ne le quittait plus se relâcher.
*******
Dek'lan
vit Midas arriver à sa hauteur. Par l'ultime, il sentit son cœur
oublier de battre.
Il
était venu.
Le
dignitaire ne l'avait pas abandonné. Pourtant son regard lui
apprenait bien avant que des mots sortent de sa bouche qu'il n’allait
pas apprécier cette rencontre.
- Tu as beaucoup changer, mon garçon. Te voilà presqu'un adulte.
Aucun
mot ne sortait de sa bouche. Il avait tant attendu de voir son
ancien maître. Il connaissait sa puissance au sein de l'Hamelda, il
pensait qu'il suffisait d'attendre qu'il vienne le chercher.
Que
croyait-il ?
Bien
sûr qu'il avait changé. Il avait été torturé inlassablement
depuis plusieurs lunes. Il ne savait plus depuis quand mais
suffisamment pour voir son aube prendre presque fin. Il le sentait.
Son corps n'était plus celui d'un enfant.
- Je me suis battu pour toi. J'ai même été voir le Primera mais...Lanius est le frère de la reine et tu es son fils. Elle n'a rien voulu savoir. Tu lui appartiens puisqu'il...t'a conçu.
Dek'lan
sentit ses mâchoires se contracter et son poing se serrer comme avec
le tantrix. Il baissa la tête incapable de supporter son regard
emprunt de pitié. Il lui avait promis !
- Vous m'avez menti lui répondit-il simplement.
- Je suis désolé Dek'lan.
- Ma mère...
La
dernière fois qu'il avait voulu savoir le sort de sa mère, on lui
avait brisé la mâchoire. Ce souvenir l'empêcha de continuer sa
phrase. Pourtant, il devait connaître la vérité.
- Elle n'est plus à mon service, Lanius la reprise.
Dek'lan
secoua sa tête incapbale de comprendre ce qu'il entendait. Elle
n'était pas morte. Par l'Ultime, elle vivait encore ! Il ferma
les yeux incapable d'endiguer les larmes qui lui montaient aux yeux.
- Elle n'est pas morte, demanda-t-il pour être sûre ?
- Écoute mon garçon, c'est elle qui m'a demandé de te retrouver. Elle participe à Bathâm.
- Je la verrais, dit-il levant un regard implorant dont il se fichait.
- Tu ne dois pas t'y rendre Dek'lan. Surtout pas !
- Mais j'en ai la possibilité et je veux la revoir.
- Tu ne comprends pas ; elle fait parti du tribu. Elle...sa vie. Elle est déjà morte...
- Non ! Je la protégerai ! Je peux, j'en ai la force maintenant.
- Tu ne pourras pas Dek'lan.
- Si je pourrais !
- Ecoute-moi. J'ai revu ta mère. Elle te demande de lui pardonner de ne pas avoir pu te protéger tout comme moi. Elle te demande d'être fort. Un jour ta Destinée sera plus clémente. Elle veut partir en sachant que tu sais qu'elle t'a aimé plus que tout. Tu as été le plus grand bonheur de sa vie. Elle veut que ce soit les derniers mots que tu gardes d'elle.
Dek'lan
tomba à genoux. Il sentit les bras du vampire se refermer sur lui et
l'étreindre comme jamais personne ne l'avait fait. Il voulut le
rejeter mais n'en eut pas la force. Jamais personne ne l'avait touché
à part sa mère. Il avait l'impression de s'écrouler. Midas
détruisait son trou en faisant cela. Il le rendait tellement
faible . Il sentit les larmes coulées sur ses joues tandis que
l'autre lui répétait à quel point il était désolé.
- Que fais-tu à mon Abadhon ?
Il
entendit la voix de Lanius qui le sortit de sa torpeur. Darius se
plaça entre lui et ce dernier. L'esclave chassa ses larmes. Il
savait très bien que leur vue causerait le courroux de son nouveau
maître.
- Il ne doit pas assister à Bathâm ordonna d'une voix froide l'illustre sanguinaire. C'est un enfant et tu offres sa mère comme tribu.
- Allons, allons Darius. Ce n'est plus un enfant. Regarde-le.
Il
s'approcha de Dek'lan et déchira sa chemise en deux. Il le fit
reculer pour qu'il puisse admirer son corps.
- Regarde-le il n'a pas fini son aube qu'il déjà plus grand que tous les esclaves. Regarde sa force dit-il en lui prenant son bras. Et je ne l'ai même pas encore entraîné. Il a terrassé un Tantrix en un instant.
- Ce n'est pas un animal ! s'énerva Darius. C'est sa mère !
- Il n'a pas de mère ! Il n'a pas de parents ! Il n'a qu'un maître à qui il doit dédier sa vie et c'est moi !
- Ne fais pas ça, je te le demande humblement. La Kalb'ya interdit cette sauvagerie.
- La Kalb'ya s'applique pour les castes libres de l'Ebona. Ici c'est la loi du plus fort. Si tu bénéficies de cette vie facile c'est parce qu'est les assassins te protègent.
Darius
le regarda avec colère, se retourna et prit Declan par les épaules.
- Tu es un métis. Ton vie portera toujours les sceau de cette injustice mais souviens-toi que tu es le fils d'une femelle de valeur qui t'a aimé. Sois fier de cela. Honore sa mémoire.
Il
partit sans saluer Lanius. Declan vit sa silhouette devenir de plus
en plus petite jusqu'à disparaître. Il entendit Lanius lui répéter
qu'il n'avait plus de mère. Il n'écoutait pas. Ce soir, il la
sauverait sa mort o`il mourrait ensemble. Il ne savait pas exactement
ce qu'était un tribu mais il savait qu'il donnerait sa vie pour la
sauver.
*******
Tous
les sorciers de la guilde vivaient à l'intérieur de la ville
fortifiée, tout comme les hauts dignitaires vampires. Comme dans
l'Ebona un forum était le passage obligé à l'entrée de la ville.
Lors
de la fête des sanguin aires, leur caste ne se retrouvait plus dans
le palais pourpre de leur reine mais sur le forum. Aucun démon libre
ne sortait ce jour là. Galen n'y avait jamais assisté mais il avait
vu assez le sol gorgé de sang pour la redouter comme tout le monde.
Elle était pour lui un écho de la nuit noire. Les sanguinaires
avaient prêté fidélité à l'Ultime. Elle avait réussi à les
contraindre mais ils n'en restaient pas moins des fauves en laisse.
Leur coutume témoignait de leur sauvagerie. Que Jasio mêle celle-ci
à la sentence qui devait s'abattre sur sa famille et celle de Paulas
était mauvais signe.
En
arrivant sur le forum, il vit que celui-ci avait été aménagé. De
hauts gradins l'entouraient et une immense estrade se trouvait au
centre avec sur la gauche le trône du Primera.
Etait-ce
toujours ainsi ou tout cela avait-il aménagé à l'occasion de la
mise à mort.
Il
vit sur la gauche des gradins, tous les membres de la guilde. A leur
visage, il comprit qu'il n'avait pas décidé par eux-même d'être
présents .La plupart du temps les magiciens ne fréquentaient jamais
les vampires. A droite de la scène se trouvait les hauts
dignitaires sanguinaires.
Il
ne fallut que quelques instants pour que le forum ne se remplissent.
Jasio
entra dans le forum, secondé la chef des sanguinaires et sa sœur,
la redoutable Astrid. Elle arborait toujours le même visage
inexpressif. Elle semblait d'autant plus transparente avec sa sœur à
ses côtés comme aujourd'hui. Malis était une succube comme son
maître. Elle possèdait une attraction qui pouvait assimilé à un
don Quelle déconvenue pour Astrid d'en être dépourvu alors que sa
sœur captait tous les regards des hommes et des femmes.
Il
n'était pas surprenant que Jasio soit tombé dans ses filets. Galen
n'était pas idiot, c'était bien elle qui dirigeait le primera et
pas l'inverse. Elle le manipulait comme un pantin. En témoignait
cette sentence qui ressemblait plus à un divertissement sanguinaire.
Cara aurait du être informé de la disgrâce de sa famille.
Dorénavant rien ne dépassait les plaines de Cracova que n'est voulu
Jasio ou plutôt Malis.
Une
scène avait été monté. Jasio y accéda très lentement, jouant
d'un effet théâtrale qui donna à Galen des envies de meurtre.
Malhys le suivait à sa gauche tandis qu’aucun membre de la Guilde
ne l'accompagnait. Il regardait les hauts dignitaires de sa guilde
qui regardait cette représentation d'un air gêné.
Il
vit le seigneur Midas rejoindre avec humeur une place d'honneur dans
les gradins réservés aux sanguinaires. Tous les vampires le
saluèrent en signe de respect même Malhys se joignit à eux. Tout
le monde l'attendait, le silence se fit juste après que le
sanguinaire se soit assis.
- Aujourd'hui, certains membres de ma caste ont essayé de me trahir. Moi, le Primera. Pourquoi ? demanda-t-il d'un ton théâtral.
Galen
observa les visages de l'assistance. Un mur de peur.
Ainsi
sa tyrannie commençait ce soir.
Galen
se demanda si le geste de son ami n'avait pas accélérait les
choses.
- Parce qu'ils ont peur de vous mes amis ! Parce qu’ils ont peur de l'affection que je vous témoigne !
Il
s'adressait à la partie droite de l'assistance occultant les
sorciers.
- ... Mais il oublie que sans vous nous ne serions que des agneaux sacrificiels entourés de loups. Nous, sorciers, dirigeons l'hamelda mais vous en êtes la force. Ils ont voulu dénoncé « mes choix » à l'Hadéna sois disant mais je vous le dis ce qu'ils voulaient c'étaient vous parquez au delà de Sphinis.
Il
y eut une grande agitation à ce nom tant à gauche qu'à droite.
Galen ne pouvait que laisser passer les mensonges malgré les regards
surpris de certains.
- Je vous le dis, nous avons besoin les uns des autres. Mes frères de la Guilde, les démons nous réduiraient en pièce. En vivant confiné dans le palais, la plupart ignore la sauvagerie des démons. Il est de mon rôle de vous le révéler. Doit-on vivre ensemble et replonger dans la nuit noire. Dois-je vous rappeler le calvaire de chacun. Je dois châtier les responsables de ce complot car je dois vous protéger, c'est mon rôle. Faites entrez, dit-il d'une voix forte.
A
ce moment, arriva son ami Paulas encadré par deux assassins à
cheval. Il ne semblait pas avoir été malmené. Derrière lui se
trouvait Hectorn Emnis et Tessa dans les bras de cette dernière. Son
cœur se serra à la vue de l'enfant. Jamais elle pourrait se
remettre de l’exécution de son frère.
Galen
avança, il était temps pour lui de prendre la place de son frère.
Il sentit cependant un assassin le maintenir fermement l'empêchant
d'avancer.
Astrid.
- Le Primera m'a demandé de te surveiller, dit-elle d'une voix froide.
C'était
la première fois qu'ils se parlaient. Par l'Ultime comme cette femme
lui faisait horreur. Sa laideur faisait écho à la cruauté que
semnlait révéler son regard froid.
- Pourquoi ! Il m'a dit que je prendrai la place de mon frère. Laisse-moi, dit-il avec autorité.
- Reste à place jusqu'à qu'il t'appelle, lui répondit-elle sans prendre la peine de le regarder.
Galen
regarda de nouveau Jasio. Il avait un mauvais pressentiment.
- Paulas de Murhiyos tu t'es rendu coupable de trahison envers le représentant de ton hadéna. Pour ce crime, il n'y a qu'une seule sentence : la mort.
Galen
regarda son ami, celui-ci leva la tête. Il eut l'impression que ses
tripes se retournaient. Il eut envie de vomir en voyant son compagnon
de toujours pour la dernière fois. Paulas se courba et s'agenouilla.
Se faisant, il dit d'une voix bien distincte les mots qui
entraîneraient sa mort.
- J'avoue ma trahison. J'avoue avoir corrompu l'esprit de cet enfant, dit-il en désignant Hector, complètement apathique. J'ai grâce à mon don, détourné son esprit de la vérité. Je l'ai embrigadé dans mon complot sans qu'il puisse faire autrement...tout comme j'ai contraint mon épouse à adhéré à ma folie. Et lorsqu’elle s'y est opposée, alors je l'ai soumis également par la force de mon don. Primera, ta justice est bonne car mon crime est grand mais épargne ce qui ne sont que des victimes de ma folie. Ils ont toujours honorés nos lois et ne m'ont suivis que contraints.
Un
silence de morts s'installa dans l'assemblée. Paulas détruisait la
possibilité de faire de lui un martyr . Au contraire. Galen
sentit l'animosité des sorciers grossirent. Son ami admettait s’être
servie de ses pouvoirs pour corrompre plusieurs membres de sa caste.
- Emnis, admets-tu la vilenie de ton époux. ?T' a-t-il contraint par la force de son don, demanda sans la regarder le Primera. Il fixait les membres de la guilde des sorciers. Il ne s'agissait pas d'un jugement mais d'une démonstration à l'attention des hauts dignitaires de la Guilde. Ceux-ci regardèrent Galen attendant sa réaction. Celui-ci resta de marbre.
- Il m'a contraint murmura-t-elle.
- Allons Emnis. La vérité ne peut-être chuchoté, répondit Jasio toujours sans la regarder. Ton époux demande de t'épargner mais je ne peux épargner des traîtres. Emnis as-tu trahi ta caste ? As-tu participé volontairement à ce complot ?
La
jeune femme courba l'échine tout comme Paulas. Galen regardait le
drame se dérouler sous ses yeux. Jamais Paulas n'avait contraint
Emnis à que ce soit. Leur amour était sincère et honnête. Il
savait cependant que ce désaveux était la seule chose qui
l'épargnerait, elle et Tessa. La sorcière aurait affronté la mort
au côté de son mari avec joie mais elle attendait également leur
enfant.
- Non. Je n'ai jamais trahi ma caste. Mon époux a détourné mon esprit de la vérité. Il m'a contraint...comme une courtisane.
Un
cri d'effroi retentit de part et d'autre des gradins de la guilde des
sorciers. Ce n'est pas sans raison qu'Emnis avait évoqué la
contrainte. C'est ainsi qu'elles avaient obtenu ce don obscur qui
s'apparentait beaucoup à celui des succubes. Pour obtenir leur
charme, elles avaient du être contrainte. C'est à dire qu'un
sorcier avait disposé d'elles comme de pantins. Ce don était rare
et craint car il annihilait toute volonté sans même en avoir
conscience. La personne contrainte pouvait aussi être un réceptacle
et acquérir un don pour peu que l'individu puisse l'accueillir.
Galen voyait que c'était cela qui effrayait le plus. La magie avait
été détourné. Bien sûre, certains démons seraient toujours
dépourvu du don comme certains humains dans le passé mais d'autres
le possédaient déjà pour peu qu'on les initie.Les sorciers
pouvaient créer d'autres sorciers serviles et ainsi détruire les
castes et surtout l'hégémonie de la leur.
Jasio
venait d'acquérir le soutien de la Guilde .
Les
paroles d'Emnis était loin d'être innocentes et elles légitimaient
la répression de Jasio.
- A mort le traître ! Clama une voix qui à la grande surprise de tous vint de la guilde.
Galen
ferma les yeux au son de la sentence émise par sa caste. Jasio avait
su toucher la bonne corde, celle de la peur. Se faisant, il avait
détruit définitivement la résistance. Personne ne les verraient
plus comme des sauveurs mais comme des fauteurs de troubles qui
lézardaient Kalb'ya qui seul assurait la sécurité des siens.
- A mort !
- A mort !
- Affranchi !
Les
affranchis voulaient se dédouaner des castes qu'ils trouvaient
injustes mais ils l'avaient fait en semant la terreur, ils passaient
pour des monstres. Ils étaient vu comme des parasites violents.
Zaria avait mis en place une terrible répression et on les avait
expulsé au-delà des plaines de Cracova.
- Je vous protégerai ! coupa bruyamment Jasio. Au même titre que l'Hadéna. C'est pour cela que je suis ici coupé de ma famille. Pour vous protéger. Je protégerai l'ordre nouveau. Je protégerai Kalby'a. Je protégerai nos jeunes.
Il
prit au même moment Hector violemment par le bras. Le frère de
Galen s'effondra. Il vit à quel point son frère Hector était
affaibli. Il avait cru qu'il avait été
épargné mais les marques sur son corps montrait qu'il avait été
torturé. Il était si jeune. A peine un homme. Galen sentit un goût
de bile remonter dans sa gorge. Il s'était trompé. Il était pire
qu'il pensait.
- Regardez Sorciers et Sanguinaires ce que la contrainte à causé à ce jeune.
Le
Primera prit Hector par les cheveux et lui inclina la tête, exposant
ainsi sa gorge.
Elle
était ravagée. A vif.
Hector
rua pour se soustraire à la main qui l'exposait mais il était trop
affaibli pour être une réelle menace. Galen se leva pour rejoindre
son frère mais Astrid le retint par la main.
- Si tu bouges, mes assassins ont ordre d'abattre la vermine qui te sert de frère.
Galen
regarda avec haine la vampire. Cette femelle qui n'en avait que le
nom même son regard plein de haine semblait l'amuser. Jamais un
individu ne l'avait autant dégoutté. Elle le savait et sourit.
- C'est moi qui lui ai fait ça. J'aime la torture et je me suis attelée à ce qu'il sache que je lui arrachais les cordes vocales. Que tout ce qu'il subissait serait définitif. Il ne pourra jamais être un grand sorcier sans sa voix. Jasio m'avait demandé de trouver un moyen de me débarrasser de la menace. Ai-je réussi ?
- Paulas pourquoi t'en es-tu pris à ce jeune alors que tu l'avais contraint ?hurla Jasio.
Jasio
ne regardait toujours pas ni Galen, ni Emnis. Ces deux amis avaient
acceptés leur sort mais pas son frère. Il continuait à s'agiter si
bien que deux assassins montèrent par le maintenir.
- J'ai détruit son esprit.
L'assemblée
sembla trembler d'effroi. Après tout Hector était le fils de
l'ancien Primera, le petit-fils de Janos grans architecte des palais
de verre.
- Pourquoi ? dit simplement Jasio
Son
sourire montrait qu'il connaissait la réponse. La pièce de théâtre
était déjà connu et il se délectait d'avance de la suite.
- Il refusait la contrainte alors j'ai du anéantir son esprit. J'avais peur qu'il révèle ma machination. Je l'ai rendu muet et fou.
- Tu voulais me forcer à tuer ce jeune homme. Le fils de l'ancien Primera. Pourtant tu sais combien compte la famille Kiopsis. Tu as détruit un de ses fils. Tu l'as rendu ingérable, ne me laissant d'autres choix que de le tuer. Galen ! Il interpella le jeune sorcier et tous se tournèrent vers lui. Regarde la trahison de ton ami. Il a rendu ton frère fou.
En
entendant ces mots, Hector ruait toujours plus forts renforçant la
stupeur et la peur du public.
- Il me force à le tuer...comme une bête.
- Je ne te permettrai pas ! dit rageusement Galen.
Si
son frère mourrait et bien il partirait tous les deux. Jamais il ne
le laisserait lui faire encore plus de mal sans se battre.
- Que proposes-tu ? Je ne peux le laisser en liberté. Il est trop dangereux.
- Laisse moi prendre sa place. J'accepte quelque soit la sentence que tu lui réserves.
- Ah le bon frère que voilà ! Mais cela ne réglerait pas le problème. Il ne peut plus être libre Galen. Tendez lui la main.
Les
assasshins se saisirent de la main d'Hector et Galen.
- Non!!!hurla Galen
Mais
celui-ci ne put rien quand le Primera referma le bracelet pourpre des
esclaves sur le poignet de son frère scellant son frère au sien.
- Je comprends ton chagrin, dit perfidement Jasio et je ne traiterai jamais ton frère comme un vulgaire esclave mais le bracelet me permettra de le protéger et de protéger les autres citoyens. Je sais que tu veilleras sur lui...mieux que tu ne l'as fait jusqu'à présent.
Le
bracelet pourpre était la plus sûre des laisses. Il permettait à
celui qui l'avait scellé d'avoir un droit de vie ou de mort sur
l'esclave. jamais aucun esclave ne pouvait s'enfuir. La vie de
l'esclave était aussi liée à celle de son maître. Dorénavant si
Jasio mourrait son frère le suivrait dans la tombe.
- Ainsi, finit-il d'un air solennel , un seul a trahi,un seul doit mourir. Les autres, je les laisse sous la surveillance du premier maître de la guilde en qui j'ai entièrement confiance malgré vos liens. Tout comme son père et son grand-père avant lui, il protègerait l'Hamelda. Se faisant, il passa le même bracelet à Emnis et à la jeune Tessa. C'est là « ma sentence », reprenant le terme employé par Galen plus tôt. Et toi Paulas, je t'ôte le droit d'être un sorcier. Je te ferai périr comme le plus servile des affranchis. Je t'offre aux sanguinaires comme butin pour Batham. Toi qui voulait nous opposait à eux, tu périras par leurs mains.
Les
Sanguinaire hurlèrent de joie tandis qu'un malaise s'installait chez
les sorciers. Jamais l'un d'entre deux n'avait été avili au rang
d'esclave et encore moins intégré Batham comme offrande. Leur sang
était comparé à celui des légendaires humains. Il était un
nectar sacré jusqu'à présent.
****
Dek'lan
n'avait jamais franchi les grilles du palais pourpre. La demeure de
Malis la représentante de la caste vampire était inacessible pour
un démon comme lui. Les seuls esclaves qui pouvaient prétendre y
rentre était les esclaves de sang. Les Abadhons n'en faisaient pas
parti. Cependant Batham n'était pas qu'un grand banquet, c'était le
seul jour où le Primera tolérait les excès des sanguinaires connus
pour leur nombreux vices.
Pourquoi
sa mère serait-elle une offrande de sang ?
Mika
avait dû être choisi pour les combats. Les combats jalonneraient
cette terrible nuit. Et si ce n'était pas cela et bien, il lui
restait l'attrait de sa beauté. Dans tous les cas, il la défendrait
et il était prêt à y laisser sa vie. Il ne quitterait pas le
palais pourpre vivant sans elle. Il se moquait des paroles de Darius.
Si le vieux vampire n'avait pas tenu sa promesse. S'il n'était pas
capable de les protéger, lui le serait. En tous cas, il essaierait
quitte à y laisser sûrement la vie. Il se battrait jusqu'à la mort
pour la seule personne qui l'avait jamais aimé.
Le
traitement de Lanius l'avait vidé de tous sentiments de peur.
Dorénavant, il rentrait dans cette fosse et montrait sans sourciller
son dos. Quand les coups pleuvaient, , il était capable de ne plus
rien ressentir. Enfin presque. Il lui restait Mika.
La
troupe d'esclave fut scindée en plusieurs groupes selon leur
qualité. Sans surprise, il se retrouva avec le tantrix qui le
regardait avec le même regard haineux. Il lui rendit. L'autre ne lui
faisait pas peur. Il sentait que son aube approchait de son terme.
Peut-être était-ce même déjà le cas. Ses instincts d'abdhons
avaient évolué et lui avait permis de survivre. Les abadhons
étaient des démons violents qu'on disait à moitié fou. Il ne
savait pas si cela était vrai mais il sentait une forme de rage
incontrôlable l'envahir mais aussi le protéger. Il n'en avait pas
peur au contraire.
Dek'lan
fut amené dans un arène circulaire où plusieurs démons étaient
enchaînés. Il reconnu Astrid au moment où il rejoignait le groupe
des esclaves guerriers.
- Chaque Batham est l'occasion pour l'un d'entre vous de sortir de sa condition d'esclave, scanda Astrid.
Dek'lan
l'écoutait à moitié. Sa rage couvait. Il sentit sa nature
d'Abadhon le pousser à se lever et à écraser la femelle qui avait
porté les mains sur Mika. Sans elle, sa mère aurait pu peut-être
maîtrisé Lanius. Il s'en était fallu de si peu.
Il
ferma son poing et regarda attentivement la dizaine de guerriers
espérant y trouver le visage familier de l'esclave. En ne le voyant
pas, il sentit ses tripes se retourner. Si elle ne combattait pas
alors elle servirait d'esclave sexuelle. Un voile rouge obscurcit sa
raison. Il entendit ses doigts craqués. Ils paieraient. Tous. Tous
ces sanguinaires qui s'étaient octroyés le droit de faire d'eux
moins que des animaux.
- Il existe une faction au sein des assassins composés de vos semblables. Si vous montrez votre bravoure ce soir alors vous pourrez prétendre à intégrer l'armée de Malis, misérables que vous êtes.
Un
autre abadhon à ces côtés se mit à cracher. Astrid le regarda
intensément. L'autre soutint son regard.
- Chez nous, le respect s'acquiert par la crainte que l'on inspire. Plus vous inspirez la peur plus vous êtes respectés.
Elle
s'approcha du démon provocateur et avec une rapidité hors du
commun, trancha la gorge de l'abadhon. Dek'lan reçut des projections
de sang. Il se leva immédiatement et eut le temps de voir le visage
déformé d'Astrid. Des crocs immenses lui avaient poussé sans qu'il
voit rien. Sa mâchoire avait doublé de volume. Le visage ainsi
baigné de sang et d'autres substances, la sanguinaire était
méconnaissable. Par la Destinée, Dek'lan ignorait que cette
engeance pouvait ainsi se transformer à ce point ou bien n'était-ce
que ce monstre ?
- Si vous n'êtes pas capable de vaincre un assassin ne le regardez pas dans les yeux. Ce soir, un seul d'entre vous aura ce privilège.
Elle
attendit qu'un autre démon réagisse mais tous avait les yeux
baissés..sauf Dek'lan. Il ne pouvait pas. Il attendait sa réaction
mais elle ne réagit pas selon son espérance. Elle le dévisageait
toujours avec haine mais elle réussit à mêler à son visage hideux
un sourire tordu. Se moquait-elle de lui, de sa témérité ?
- Vous deux, dit-elle en désignant Dek'lan et un autre démon, vous commencez.
Dek'lan
fut libérer de ces chaînes ainsi que son acolyte. Il prit le glaive
qu'on lui tendait.
Il
n'y avait qu'une seule façon de sauver Mika, c'était de sortir de
cette arène vivant...Il vaincrait.
****
Galen
rentra dans le palais pourpre ne sachant ce qu'il comptait faire. Il
savait seulement qu'il ne pouvait pas laisser Paulas seul. Au dernier
moment, il devait être avec lui. La bruhme lui permettait de ne pas
se faire remarquer. Il était comme invisible sauf pour un autre
sorcier qui avait développé ce don.
Le
palais pourpre ressemblait au palais de verre sans en égaler la
magnificence. Son architecture semblait cependant similaire.
A
l'occasion de la fête, une immense estrade avait été dressé au
milieu de la cour principale. Il entendait les cris des guerriers
confinés dans la fosse sous le palais qui semblaient priser des
divertissements plus violents que les hauts dignitaires.
Il
vit Jasio allongé sur une méridienne auprès de la famille royale
vampire. Un groupe d'esclave s'avançaient vers eux. Il vit le visage
ravagé du frère de la reine. Les blessure avaient du être grave
pour qu'il en garde de telles stigmates.
La
reine trônait au côté du Primera. Il sentit son cœur manquer un
battement en voyant son ami à ses côtés. Assis à ses pieds, son
poignet gauche était sectionné, Malis buvait avec délectation son
sang. Elle le vidait de son sang avec délices. L'hémorragie bien
que maîtrisée resterait cependant fatale. Lanius prit son autre
poignet et le brisa. Paulas hurla. La blessure ouverte produisait un
flot de sang dont se délectait le frère de Malis.
Galen
avança sans même s'en rendre compte.
- Non !
Il
entendit distinctement son ami lui ordonner d'arrêter d'avancer mais
il se trouva incapable de le faire à la vue du vampire lui suçant
le poignet comme s'il était un vulgaire quartier de bœuf.
- Mon ami, je t'en supplie ! Ils te tueront !
- Je ne peux pas te laisser ici !
- Si tu fais quoi que ce soit, tu condamnes Emnis, Tessa et Hector. Ils n 'ont que toi pour les protéger.
Galen
aurait voulu hurler mais son ami avait raison. Paulas était
condamné. Il ne pouvait plus le sauver et abréger ses souffrances
auraient été remettre en question la justice du Primera et par la
même craindre les répercussions sur ces proches.
- Pardonne-moi de ne pas avoir pu te sauver, dit-il dans un souffle.
- Je n'ai rien à te pardonner. Je te demande simplement de prendre soin d'Emnis, de Tessa et de mon enfant comme s'il s'agissait de ta famille.
- Sur ma vie, je protégerai les tiens. Quoi qu'il m'en coûte, je placerai toujours leur sécurité au-dessus de tout.
- Merci, dit dans un souffle.
Un
groupe d'esclaves fur placé au centre de l'estrade. Dès qu'ils
furent tous arrivé, des barrières émergèrent de tous les côtés
de l'estrade. Les gardiens des esclaves les dépouillèrent de leur
vêtement les laissant seuls, apeurés nus et enchainés.
Galen
savait que Bathâm était le seul moment où les sanguinaires la
plupart incubes ou succubes pouvaient se laisser aller à la luxure
qui était un état constitutif de leur nature. Pour quelques uns le
sexe était une nécessité mais pour d'autres comme Lanius c'était
juste une dépravation.
Arriva
des sanguinaire qui a leur tournure devaient être des notables de
leur caste. L'un d'entre eux s'avança et inspecta chacun des
esclaves choisissant celui qui bénéficierait de ses faveurs. Galen
ferma les yeux en voyant que son choix se portait sur un jeune homme
qui se mit à hurler quand on lui ôta ses chaînes pour le traîner
sur la barrière face à la famille royale.
Il
entendit le rire de Jasio.
- Allons donc, heureusement que ta femme ne t'a pas suivi Ariax.
- Bathâm n'est pas bon pour tous les sanguinaires, ricana le vampire
- Oui, seulement pour certains approuva Jasio
- Celle-là c'est elle qui m'a fait cela dit Lanius en désignant son œil vide. Ne la laisse pas quitter l'enceinte vivante, dit-il en lui désignant une magnifique esclave. Fais la hurler Ariax ...comme toi seule c'est faire.
- Tu es mon maître dans ce domaine Lanius.
L'autre
ne lui répondit pas trop omnubilé par l'esclave qui prenait pas au
côté du premier entravé tout comme lui sur les grilles de
l'enceinte.
Mais
contrairement à lui, elle ne dit rien et regarda avec haine le chef
vampire.
Elle
regarda fixement avec dédain le frère de la reine . Elle ne bougea
pas quand l'autre déchira ses vêtements. Elle ne cilla pas quand il
commença à la violer.
Devant
son manque de réaction, Lanius se leva et s'approcha de l'enceinte.
Il lâcha le poignet de Paulas tandis qu'un esclave s'empressa de
recueillir le précieux sang du sorcier dans une coupe.
Galen
admira cette esclave qui regardait fièrement la mort. Le viol
qu'elle subissait semblait ne pas l'atteindre. Certainement n'était
ce pas la première fois qu'elle subissait cet outrage mais la haine
qui brillait dans ses yeux semblait transcender ce qu'elle subissait.
- Fais la hurler, dit-il dans un cri de rage !
****
Dek'lan
s'était trompé. Son aube avait pris fin. Simplement, en vivant
dans la Fosse, il ne l'avait pas remarqué. Il avait oublié. Il
avait du s'oublier pour survivre mais aujourd'hui il se rendait
compte qu'il n'était plus le petit esclave de Midas. Il avait réussi
à vaincre tous les adversaires et il avait même pris plaisir a
éclater la boîte crânienne du tanhtrix. En tous cas, il ne
regrettait pas sa mort et il avait surpris le regard admiratif
d'Astrid. A ce moment là, il avait compris que son destin serait de
donner la mort.
Quand
tous les esclaves eurent péris, il vit que tous les assassins le
regardaient. Ils le voyaient pour la première fois comme les autres
esclaves avant eux. Ils le voyaient pour la même raison. Ils
voyaient le monstre. Ils sentaient leur admiration, leur envie
devant sa force.
Astrid
hocha la tête et la grille de l'arène s'ouvrit. Il avança se
disant qu'il pouvait enfin profiter de Batham. Il serait présenté à
la reine qui ferait de lui un Arhion. Il demeurerait un esclave mais
la caste des sanguinaires lui permettrait de vivre comme l'un des
leurs si Lanius l'acceptait. Ce statut lui permettrait de se déplacer
partout et de retrouver sa mère. Il s'enfuirait avec elle. Il
préférerait encore mener la vie d'un affranchi.
Sans
un mot, il suivit Astrid. La cour était immense. Elle était
clôturée par un dôme qui avait l'aspect d'une cage d'oiseau. Il
vit pour la première fois la reine Malis à la beauté parfaite. On
la disait très belle. Elle lui semblait plus que cela. Éblouissante.
Il se stoppa net en reconnaissant le Primera. Jamais il n'avait vu
de sorcier et il n'aurait jamais pensé pouvoir voir le plus grand de
tous. Il avait pourtant vu son portarait un peu partout dans
l'Hamelda. Il ne prenait pas part à l'orgie qui semblait avoir lieu
à l'intérieur et à l'extérieur du dôme. Pourtant son regard ne
marquait pas de répugnance face à ce qu'il voyait. Les cris dans
l'immense cage montraient le martyre des esclaves. Il arriva près du
trône et s'agenouilla.
Son
père le fixait sans qu'il puisse comprendre s'il était fier, s'il
était surpris ou bien encore qu'il s'en moquait.
L'autre
ne dit que deux mots.
- Attachez- le .
Tous
semblèrent surprise de la demande de Lanius. Il ne se débattit pas.
Pourtant c'est à cette condition qu'il fut conduit devant la reine
et le Primera.
- Esclave, mes assassins m'ont fait part de tes talents, commença Malis sans se formaliser du souhait de son frère. Tu as marqué les combats de Batham de ton empreinte. A aucun moment, tu n'as été inquiété. Ta valeur de guerrier nourrira la horde des assassins et apprendra aux miens ce qui te semble si naturel. Je fais de toi mon nouvel Arhion, si mon frère l'accepte. Approche.
Dek'lan
s'avança jusque devant sa reine et se remit à genoux. Astrid
arracha son epaula d'esclave. Malis écrasa le seau de l'Arion sur
son torse. Celui-ci de fondit dans ses chairs dans un bruit de
succion horrible. La douleurs faillit lui faire tourner de l’œil.
Pourtant il se força à la regarder sans ciller.
Jusqu'à
ce que son regard aperçoive la chevelure noire de sa mère. Ce fut
la seule chose qu'il reconnu. Il ne se rappela de rien d'autres sinon
de ses hurlements et de sa rage.
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